samedi 31 juillet 2010

L'absence

J'ai posé la tête sur mes bras croisés et mes bras sur la table. 
Et pendant que je n'étais pas là -car : où est-on vraiment quand on dort ?- le vent et le soleil sont entrés, par la fenêtre. Le vent qui a feuilleté mon carnet à spirales. 
Au réveil, j'ai lu un mot, un mot, un seul, que je ne me souvenais pas avoir écrit : 

entêtement

vendredi 30 juillet 2010

La voix humaine

Un jour, c'était Richard qui était chez moi.
Et je sonnais en vain car, ne connaissant pas ce bruit, il ne soupçonnait pas qu'il puisse être celui de l'interphone.
C'était l'époque dinosaure sans ordinateur -il avait un texte à taper sur ma machine électrique- et sans téléphone portable -il n'osait pas décrocher tandis que je l'appelais d'un café voisin pour lui demander de m'ouvrir.

Plus tard, il y a eu le deuxième étage et la fenêtre à laquelle il fallait se pencher si nous voulions savoir qui avait sonné -et nous l'ouvrions discrètement car il nous arrivait de faire semblant de ne pas être là.

Au parvis, nous avions vue sur la cour et si nous décrochions l'appareil, nous pouvions entendre les oiseaux, côté jardin et cathédrale.

Rue Durnerin, je descendais ouvrir moins souvent que lui.
Il y avait deux étages.

A présent, il y en a trois.

Jamais je n'ai eu d'interphone plus efficace et en meilleur état de fonctionnement qu'à Tokyo.
Il était situé dans la cuisine.
A un mètre cinquante environ de la porte à oeilleton à laquelle les visiteurs sonnaient.

jeudi 29 juillet 2010

Une enquête sentimentale


Vous parfumez-vous avant de sortir ?
Vos parents cédaient-ils quand vous succombiez à un phénomène de mode ?
Cirez-vous régulièrement vos chaussures ?
A quel âge avez-vous goûté vos premiers fruits de mer ?
En vacances, passez-vous à table en maillot de bain ?
Avez-vous déjà dû parler sexualité avec un enfant ? 
Et avec vos parents ?
Les amis de vos amis sont-ils vos amis ?
Enfant, aviez-vous un hamster ?
Egarez-vous souvent vos affaires ?

mercredi 28 juillet 2010

Précis de topographie 21

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Sachant que j'ai passé tous les étés de mon enfance dans la campagne belge et que, chaque jour, "la promenade habituelle" me faisait traverser les champs, les graminées, longer les prairies, les vergers, on pourrait m'imaginer -petite Gwendoline- le dos au sol, les yeux au ciel, oubliant les heures en interprétant le langage des nuages, mâchonnant un brin d'herbe.

Mais non.
 
Aux vastes horizons, aux ciels changeants, je préférais des journées intérieures et casanières à relire la Comtesse de Ségur pour m'assurer que je ne l'aimais pas, visionner sans m'en lasser les mini-diapos du mariage de Baudouin et Fabiola ou, pendant la cuisson des biscuits, lécher la pâte crue dans le plat.

C'est maintenant -adulte et urbaine- que j'aime les nuages
et leurs inventions.
Et l'autre jour, les filaments blancs dessinaient à ce point 
des squelettes de poissons 
qu'il m'a semblé marcher sous la mer.

C'est ce jour-là que, rue de la Paix, j'ai croisé une femme qui, 
sans cesser d'avancer
sans sourire
sans respirer entre deux bouchées
sans mâcher
mangeait une tartelette à la crème.
A la manière d'un enfant de moins de trois ans, 
elle s'en était mis 
tout autour de la bouche
sur les lunettes
sur le nez.
Mais ce n'était en rien touchant 
j'ai même trouvé ça effrayant.

mardi 27 juillet 2010

Tuesday self portrait (une tâche)

"Je me vois remonter la rue ensoleillée de mon enfance en tenant la main de ma grand-mère. Un dimanche en province. Un homme tranquillement assis sur sa galerie devant une large table couverte de livres, tous ouverts. Il était penché vers eux, comme devant un buffet riche et varié. Ce gourmand passait d'un livre à un autre avec la même excitation. Rien ne semblait exister autour de lui, à part les mets appétissants. Il semblait si loin de nous, si hors de notre portée -nous pouvions le voir mais il était visiblement ailleurs. Ma grand-mère m'a alors glissé à l'oreille : "C'est un lecteur !" et j'ai tout de suite pensé : c'est ce que je ferai plus tard. Je serai un lecteur."
Dany Laferrière. Je suis un écrivain japonais.
"La "tâche" du lecteur, nous pouvons la définir techniquement et sans pesanteur éthique comme ce qui lui vient avec la conscience d'être un point dans l'égrènement d'une ligne diachronique : en un point de la boucle du sens, et là où elle semble achever sa course, le lecteur lui aussi se dispose à remettre en jeu ce qui lui est venu avec le livre. La communauté seconde engagée par ce livre, il ne sait vraiment qu'il y entre que lorsqu'il sort du livre, mais cette communauté est sans bords, invisible, illimitée, infiniment accueillante. Passive selon sa forme extérieure, la lecture est en fait tout entière activité, en tant qu'elle se sait engagée, ne serait-ce que comme un minuscule relais, dans le mouvement infini de la relance du sens. Tout lecteur ouvrant ou refermant un livre (un livre, cela va sans dire, qui a fait travailler le sens -et il en est beaucoup d'autres) prend place furtivement, silencieusement, dans l'"entretien infini" qu'est la littérature."
Jean-Christophe Bailly. Panoramiques.

lundi 26 juillet 2010

Une vie un livre

J'en connais qui, entrant dans une bibliothèque, déplorent leur condition humaine.
Tant d'écrits et une seule toute petite vie...
Avoir dans les mains les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau, ce livre auquel une vie ne suffit mathématiquement pas, procure un concentré de cette impression-là.

"En comptant 45s pour lire un sonnet et 15s pour changer les volets, à 8h par jour, 200 jours par an, on a pour plus d'un million de siècles de lecture, et en lisant toute la journée 365 jours par an, pour 190 258 751 années plus quelques plombes et broquilles (sans tenir compte des années bissextiles et autres détails).
Comme l'a bien dit Lautréamont, la poésie doit être faite par tous, non par un."


Le vieux marin breton de tabac prit sa prise
pour consommer un thé puis des petits gâteaux
le cornédbif en boîte empeste la remise
on espère toujours être de vrais normaux

Je me souviens encor de cette heure exeuquise
que n'a pas dévoré la horde des mulots ?
nous regrettions un peu ce tas de marchandise
lorsqu'on voyait au loin flamber les arbrisseaux

Devant la boue urbaine on retrousse sa cotte
on sale le requin on fume à l'échalotte
lorsqu'on boit du maté l'on devient argentin

On a bu du pinard à toutes les époques
on s'excuse s'il n'y a ni baleines ni phoques
le mammifère est roi nous sommes son cousin

Raymond Queneau. Cent mille milliards de poèmes


dimanche 25 juillet 2010

Chou chéri,

En 1961, ils sont fiancés. Elle va chez le coiffeur, se fait jolie pour lui qu'elle retrouve le samedi.
Les autres jours, elle attend les lettres qu'il lui écrit, entre deux manoeuvres.
Elle lui écrit, elle aussi. 
Elle lui dit mon coeur, mon trésor adoré.
Elle a confiance en lui. Elle croit en eux. Elle aime l'écouter parler. 
Mais sur le quai ce dimanche soir, elle a retenu les larmes qui ont coulé lorsqu'elle a été rentrée.
Il a été cruel avec elle.
Qu'a-t-elle fait sinon juste proposer de recoudre son chandail, juste proposer de conserver sa chevalière pour ne pas qu'on lui vole ?
Pourquoi dit-il si souvent noir quand elle dit blanc ? 
Pourquoi est-il, parfois, si injuste ?

"Je dois dire qu'à ce moment dans le tram j'ai été tout à fait refroidie et cela m'a fait de la peine de voir comme tu agissais envers moi après t'avoir dit "oui, oui" pour tout, pendant le week-end. Je sais que tu étais énervé, mais il me semble que tu aurais pu me répondre d'une façon plus gentille et dire "oui chou" et ne pas prendre cet air de supériorité que je ne puis supporter."

Et puis, pourquoi a-t-il insisté, ce soir-là ? Il le sait, pourtant. Il le sait que, pendant encore trois ans, il lui faut préserver sa virginité. 

"Je suis en train de me demander si je n'ai pas été trop large à certains points de vue et je pense que oui. Tout d'abord chéri pour notre bonheur pur, tu sais bien que c'est dur, mais il faudra éviter de recommencer. Et je pense que pour cette question,le jeune homme doit quand même respecter sa fiancée."

Ils se marièrent, Anne-Marie et Jean-Bernard. J'ignore s'ils eurent beaucoup d'enfants. Si, même, ils en eurent. Mais oui, ils se marièrent un jeudi 11 juillet et, ce jour-là, il y eut un cocktail dansant. 

Deux lettres d'amour
et 
la réponse à un faire-part de mariage
 livrées aux poubelles. 
Une vie conjugale qui s'ébauche. 

samedi 24 juillet 2010

A peine quelques hommes (de ma vie)

A l'instant où sa silhouette a pénétré mon champ de vision, j'ai tout retrouvé de lui, d'un coup, d'un bloc.
Sa démarche faussement nonchalante. Ses bras toujours le long du corps. Ses mains souvent serrées prêtes aux coups. Sa bouche joliment ourlée comme l'est souvent celle des hommes de sa nationalité. Son regard qui juge qui dévisage. Et sa voix à l'accent à peine perceptible. La surprise dans sa voix le jour où s'approchant plus près de moi il avait découvert la couleur cachée dans mes yeux.

Et à cet instant, j'ai cessé de respirer.

c'étaitdoncçaalorsçaexistaitvraimentcequ'onappellelapenséemagiqueilsuffisaitdoncdepenseràluilesjoursprécédentsdemedemandersiunjourjelereverraisouimaisoùdetoutefaçonpasdanslesbeauxquartiersdeBruxellesilfallaitquej'enfréquented'autresdesruesetpeutêtreaaussid'autresvillesd'autrescontinentsalorsilsuffisaitdepenseràluienmedemandantsiunjourj'entendraissavoixànouveaumevouvoyeretprononcermonprénometvoilàilapparaissaitsoudainementdansunelibrairieforcémentpuisquec'étaitaussidansunelibriaiequejel'avaisrencontréetqu'ons'étaitvusleplussouventilavaitdûenfalloirdespapillonsàl'autreboutdelaplanètepourprovoquercemoment

Mais ce n'était pas lui.

Je pourrais citer Harold Manning aussi. 
(et les oiseaux de Londres parlent en même temps que lui)
 Harold Manning traduit "our mutuel friend" de Divine Comedy
 -et Neil Hannon aussi est un homme de ma vie- 
Harold Manning dit dans une salle obscure, vous savez où me trouver.
 J'aimerais savoir laquelle c'est. 

Et puis il y a cet homme-là.
Cet homme qui me dit
qu'il n'y a qu'à moi qu'il lit
de la poésie.
Cet homme-là
dont j'aime la voix.
(pas que la voix)

vendredi 23 juillet 2010

A rebours


Be Wash 
les 
minutes 
se 
mesurent 
différemment 
et 
défilent
à
 l'envers. 
60°: le temps de sourire au marchand de fruits du marché, découper pommes et fraises pour les mêler aux céréales du matin et boire un thé à la linière. 

"Le lessivage s'opère de la façon suivante : on met le linge à tremper dans la cuve remplie d'eau additionnée de lessive. Le lendemain, on essore le linge pendant la vidange de la cuve. On prépare le bain d'essangeage dans la machine et on y ajoute un peu de savon résineux qui adoucit les frottements. On chauffe l'eau. Pendant ce temps, on procède aux petits nettoyages indépendants de la lessive (lainages, soieries, etc). On essange le linge en deux ou trois fois en commençant par les pièces les moins sales : linge de nuit, draps, linge de corps, etc. 

Après l'essangeage, on rince le linge, fraction par fraction, dans une eau abondante, continuellement renouvelée. On prépare un second bain de lessive et on procède au bouillage dans la cuve même. Après 20 à 30 mn d'ébullition, on vidange l'eau de lessive, on effectue un dernier savonnage, on essore et on rince, d'abord à l'eau bouillante, puis à l'eau courante. On essore définitivement. 

Si l'on dispose d'une essoreuse à rouleaux, on présente le linge de manière que les boutons soient à l'intérieur de chaque pièce et on veille à ce que le tissu n'adhère pas au caoutchouc. Pour éviter des dégâts possibles, il es prudent de tendre modérément les ressorts."
E. Compain. La science de la maison.

jeudi 22 juillet 2010

Une enquête sentimentale


Prendre la parole en public vous pose-t-il problème ?
Répondez-vous volontiers aux enquêtes ?
Portez-vous un prénom répandu dans votre génération ?
Vous interrompt-on souvent pour commenter 
la silhouette parfaite d'une passante ?
A quel moment de la journée lisez-vous le plus volontiers ?
Plonger une cuillère dans un pot de pâte à tartiner 
vous console-t-il de quoi que ce soit ?
Donnez-vous une chance à quelqu'un dont vous faites connaissance 
si vous savez que son auteur préféré est un de ceux 
pour lequel vous n'avez aucune estime ?
Savez-vous quelle motivation a conduit votre banquier à choisir son métier ?
Qu'est-ce qui vous donne le sentiment d'avoir passé une bonne journée ?
Avez-vous un animal favori ?
Votre entourage le remarque-t-il quand vous allez chez le coiffeur ?

mercredi 21 juillet 2010

Précis de topographie 20


La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.


La ville est patiente, elle sait m'attendre.
Rue de la Victoire, le portail enchaîné abrite des regards une jungle débutante. 
Combien de fois suis-je passée devant lui avant de découvrir, en bas à gauche et presque mangé par la rouille, un poème de Norge, écrit au crayon.


LES RÂPES 
FERS, ACIERS... 

S'aimèrent dur sous la lune
-Fers, aciers, métaux-
Pas de roses, pas de prunes
En ce pays sans défaut

S'aimèrent dur, belle houille
Avec tes grains dans la peau
Pas de lis, pas de citrouille
Fers, aciers, métaux

C'était riche et c'était beau, 
Cette lune sur l'usine, 
Le gamin et la gamine
Les seins contre la poitrine
-Fers, aciers, métaux

Tout allait bien, Dieu sommeille
Et la guerre est un repos
Belle amour encor plus belle, 
Ô saisons industrielles, 
Parmi vos grands végétaux ! 
Charbons aux fortes prunelles, 
Fers, aciers, métaux, 
Poutrelles


lundi 19 juillet 2010

Lundi 19 juillet 2010

Chose vue : poulet rôti ou crème caramel

Chose entendue : "J'ai eu une amende pour klaxon. 
Klaxon abusif. 
Je t'assure. 
On m'a dit : 
vous abusez du klaxon."


Chose lue : 
"Lorsqu'on écrit la biographie d'une femme, il est communément admis qu'on peut renoncer à l'action pour y substituer l'amour. L'amour, a dit le poète, c'est toute l'existence d'une femme. Si nous considérons un moment Orlando en train d'écrire, installée à sa table, force nous est d'admettre que jamais femme ne fut mieux faite pour cette vocation. A coup sûr, puisqu'elle est une femme, et une femme splendide, et une femme à la fleur de l'âge, elle va en finir bientôt avec cette affectation d'écriture et de pensée, et se mettre à penser, disons, à un garde-chasse (tant qu'une femme pense à un homme, personne ne lui reproche de penser). Alors, elle lui écrira un petit mot (et tant qu'elle écrit des petits mots, personne ne reproche à une femme d'écrire non plus) pour lui donner rendez-vous dimanche à la tombée du jour; et l'heure arrivera; et le garde-chasse sifflera sous la fenêtre... Tout cela constituant, évidemment, la vie même et l'unique sujet possible pour un romancier. A coup sûr, Orlando a bien dû faire une de ces choses ? Hélas ! Mille fois hélas ! Orlando ne fit rien de tout cela. Doit-on en conclure qu'Orlando était un de ces monstres d'iniquité qui n'aiment pas ? Elle était bonne avec les chiens, fidèle à ses amis, la générosité même pour une douzaine de poète affamés, elle avait la passion de la poésie. Mais l'amour -tel que le définissent les romanciers; et qui saurait, après tout, parler avec plus d'autorité que ces hommes ?- n'a rien du tout à voir avec la bonté, la fidélité, la générosité ou la poésie. L'amour, c'est enlever prestement son jupon et... Mais nous savons tous ce que c'est que l'amour."
Virginia Woolf. Orlando.  

dimanche 18 juillet 2010

Tous les jours l'été

C'est un jour de l'été 78.
Ses pieds sont nus, partiellement enfoncés dans le sable mais elle a déposé sur ses épaules, sans en enfiler les manches, son gilet en point mousse. Il est usé, lâche, informe. Elle devrait s'en séparer mais elle trouve ça pratique, de toujours le garder dans la voiture, de l'avoir à portée de la main pour des soirs comme celui-là, où ils décident de faire un détour par la mer, juste pour voir le soleil se coucher, juste pour ne pas encore penser au lundi matin ni à la fin de l'été. 
La laine est encore imprégnée de l'odeur du bois qu'ils avaient fait brûler, au tout début de la saison, alors que la nuit était tombée et qu'ils s'étaient mis en tête de griller le poisson acheté en route. 
D'ailleurs, c'est la même jupe qu'elle porte, la petite jupe à volants qu'il lui a offerte un jour de marché. De toute façon, c'est bien simple, c'est le vêtement qu'elle aura le plus mis durant l'été. Elle lui va tellement bien, lui dit-il toujours. C'est tellement joli, quand elle marche, le mouvement des volants. 
Décidément, le vent est frais et, quand il s'engouffre sous le tissu, elle frissonne. 
C'est au moment où, de ses deux mains, elle agrippe le bas de sa jupe pour en couvrir ses jambes dénudées qu'il a pris la photo. 

Ce cliché aux couleurs délavées et aux accents Hamiltonnien, je l'ai trouvé dans la rue et je l'aimais bien. Je le glissais dans mes livres, en guise de marque-page mais hier, à la faveur d'un courant d'air, il s'est envolé, loin de moi.
(Quelqu'un le trouvera et inventera une autre histoire.) 

ô mon amour

Nous y survivrons

vendredi 16 juillet 2010

La route

Je traverse toujours l'espace de la même façon. 
Aussi, je m'étonne que l'empreinte de mes pas ne creuse pas encore un sillon, 
dans le salon.

jeudi 15 juillet 2010

Une enquête sentimentale


A quel gâteau pensez-vous si vous lisez dans un livre qu'un personnage en mange un ?
Regardez-vous vraiment le contenu des vitrines 
ou votre reflet ?
Vous a-t-on coincé le doigt dans une porte quand vous étiez enfant ?
Pendant combien de temps restez-vous patient quand on vous fait attendre à un rendez-vous ?
Quelle image vous vient à l'esprit en premier quand vous pensez aux vacances ?
Quelle est votre réaction lorsque vous découvrez que votre réservation dans le TGV vous situe en face d'une mère et de son enfant de moins de trois ans ?
Avez-vous déjà reçu une convocation du tribunal ?
Vous obstinez-vous dans l'expression d'une opinion même quand vous avez réalisé qu'elle est erronée ?
Les cadeaux qu'on vous offre vous laissent-ils parfois 
perplexe ?
Choisiriez-vous de changer de vie si on vous donnait la possibilité de le faire ?

mercredi 14 juillet 2010

Précis de topographie 19

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Les fruits juteux et mûrs à point sur le côté droit du parvis le jeudi. 
Le pain bio savoureux -mais pas à toute heure- rue Dejoncker.
Le lait de soja sans adjuvant chaussée de Waterloo.
Les tablettes de pâte de cacao rue du fort. 
 Le mélange de graines germées chaussée de Forest.

Un jour je regarderai le motif que dessine le trajet de mes courses sur une carte. 

Trouvée dans le panier du supermarché de la rue Haute où j'achète le tofu,
une liste,
un dérisoire carré de papier bleu, 
une écriture tremblée :

-VIANDE
-FROMAGE
-SOUPE
-FINÈGRE
-LIVRE


mardi 13 juillet 2010

Tuesday self portrait (un spectre)

"Suivre cette série disparate d'autoportraits, c'est suivre une recherche, une ligne de conduite qui mène du moi au moi, qui trace une ligne en la repliant sur elle-même, à la manière d'une couverture que l'on plie et replie mais dont on peut toujours apercevoir les strates et les lignes.

Si le spectre, ce qui ne peut s'effacer et qui n'apparaît que par derrière, en ombre, est bien le sujet des photographies de G.F.R., il ne l'est pas simplement comme thème, mais plutôt dans la consistance même de la photographie, dans sa possibilité d'existence."
Emmanuel Franzin Régniez.

"Avec la photographie, la valeur d'exposition commence à repousser au second plan, dans tous les ordres, la valeur de culte. Cette dernière pourtant ne cède pas sans résistance. Son ultime retranchement est le visage humain. Ce n'est en rien un hasard si le portrait a joué un rôle central aux premiers temps de la photographie. Dans le culte du souvenir dédié aux êtres chers, éloignés ou disparus, la valeur cultuelle de l'image trouve son dernier refuge. Dans l'expression fugitive d'un visage d'homme, les anciennes photographies font place à l'aura une dernière fois. C'est ce qui leur donne cette mélancolique beauté, qu'on ne peut comparer à rien d'autre."
Walter Benjamin.

lundi 12 juillet 2010

La communion d'Evelyne (1 : Darnes de saumon en belle vue)


Elle s’arrêta sur le seuil de la salle des archives. Des poussières dansaient dans un rayon de soleil. Le mois dernier, la lumière pénétrait jusqu’au meuble à glissières. L’hiver, il inondait la pièce.
Colette, elle, remarquait toujours ces choses-là. Elle disait Comme le temps passe vite ! Elle se souvenait s’il avait fait beau l’année précédente à la même date. Elle pouvait citer les chansons à la mode trois ans auparavant. Elle méritait vraiment sa place au service des archives.

Elle ouvrit un tiroir. Colette n’était pas encore revenue de sa pause et la salle était déserte et chaude. Elle s’appuya contre le meuble.
Qu’est-ce que je suis venue chercher ?
Elle était de plus en plus distraite.
Il y avait une auréole sur le meuble. Un verre d’eau oublié trop longtemps. Elle passa la main dessus, caressa le bois, les yeux dans le vague.
Sur la commode de sa chambre aussi, il y avait une pareille tache. Elle pensait encore Ma chambre alors qu’elle ne l’était plus depuis si longtemps. Depuis qu’elle ne portait plus le nom de ses parents. Le nom de jeune fille disait-on, quel que soit l’âge auquel on en changeait.
Elle avait laissé son bouquet de mariée séché sur la commode et il y était encore, vestige de ces jours où l’excitation avait été supplantée par l’inquiétude et les rendez-vous avec la couturière, de ces jours passés le front penché vers l’élaboration difficile d’un plan de table.

Agrafes et trombones alignés. Mais non, ce n’est pas ça.
Dans la chambre, c’était des faire-parts, des menus, qui emplissaient un tiroir de la commode.
Pendant des jours, les questions du traiteur avaient semblé plus importantes que n’importe quelle autre actualité. Et pourtant, qui donc se souvient du potage vert pré en entrée ou du parfum de la glace du dessert ?
Sa mère, sans doute, puisque hier au téléphone, elle lui avait glissé Tu sauras faire simple, cette fois ? Et sa question avait sonné comme un reproche.

Après avoir tant redouté la pluie, c’était une trop forte chaleur qu’il avait fallu affronter ce jour-là. De celle qui fait filer les rouges à lèvres, flétrit les fleurs et accentue les rides sur les photos. Tante Joséphine lui avait paru si pâle, si vieillie. Elle était morte peu après et, encore maintenant, sa mère continuait à commenter les faits dramatiques de l’actualité Heureusement que Tante Joséphine n’est plus là pour voir ça. Mais jamais elle ne faisait remarquer l’absence de la tante lors des faits heureux et familiaux.
Tante Joséphine n’entendait presque plus ce qu’on disait, elle n’était plus capable de suivre une conversation. Et pourtant, sur les photos des tablées, on la voyait toujours l’air concentré, au fait de tout.
J’aimerais tant vieillir comme elle, si dignement...
Tante Joséphine était morte avant qu’elle ait pu lui annoncer qu’elle était enceinte. Les nausées l’avaient empêchée d’avaler quoi que ce soit lors des funérailles. D’ailleurs, cette abondance de viandes en gelée, de vols au vent sur la table, n’était-ce pas indécent ?

Le bilan du mois de février, voilà ce qu’elle était montée chercher.
Pourquoi l’avait-elle momentanément oublié, comment s’en était-elle souvenue ?
Il y avait comme un labyrinthe dans sa tête.
Je devrais faire du tri… A quoi bon garder ces vieux papiers, ces vieilleries ? A-t-on besoin d’une salle d’archives dans nos vies ?

Sais-tu le temps qu’il va faire dimanche ?
Elle sursauta : Colette venait d’entrer.
Beau, j’espère : c’est la communion d’Evelyne.
Évelyne fait sa communion ? Déjà ? Mais, hier encore elle avait cinq ans !!! C’est fou comme le temps passe vite !!!

dimanche 11 juillet 2010

Mythologie de l'ours

Ce sont les mots qui m'alourdissent l'épaule.
Ceux des livres ou des carnets que je transporte aux heures de la ville.
Alors, le temps de l'été, je me fais moins nomade et je vais à la bibliothèque.
Les horaires d'ouverture sont à ma convenance y compris le dimanche.
Je pose mon sac, me sers un thé et tourne les pages.
La terrasse aérée fait office de cafet' et les fraises proviennent du marché voisin.
Le temps passe, scandé par les cloches de St Gilles et les avions dans le ciel.
J'ai pris un abonnement -pour juillet.


"Je crois avoir compris une chose, une grande chose. C'est que le bonheur, pour les gens de notre race, est dans l'idée, et pas ailleurs. Cherche quelle est bien ta nature, et sois en harmonie avec elle. "Sibi constet", dit Horace. Tout est là. Je te jure que je ne pense ni à la gloire, et pas beaucoup à l'art. Je cherche à passer le temps de la manière la moins ennuyeuse et je l'ai trouvée. Fais comme moi. Romps avec l'extérieur, vis comme un ours -un ours blanc- envoie foutre tout , tout et toi-même avec, si ce n'est ton intelligence. Il y a maintenant un si grand intervalle entre moi et le reste du monde, que je m'étonne parfois d'entendre dire les choses les plus naturelles et les plus simples. Le mot le plus banal me tient parfois en singulière admiration. Il y a des gestes, des sons de voix dont je ne reviens pas, et des niaiseries qui me donnent presque le vertige. As-tu quelquefois écouté attentivement des gens qui parlaient une langue étrangère que tu n'entendais pas ? J'en suis là."
Gustave Flaubert. Lettre à Alfred Le Poittevin. Mardi 16 septembre 1845

samedi 10 juillet 2010

vendredi 9 juillet 2010

"L'avenir, c'est le marché aux puces"

"J'ai eu la chance d'aller au marché aux puces, près du palais de justice où j'ai découvert des papiers du XVIIIème ou même du XVIIème siècle. Ce sont des papiers quasiment invulnérables.
Parfois les écritures m'inspirent, ce que raconte le papier. J'en ai fait un petit livre : L'avenir de la propriété.
A vrai dire, c'est une dérision de la propriété puisque tout finit au marché aux puces."
Pierre Alechinsky

Ça avait duré plus longtemps que d'habitude : alors qu'il était question de la mort -il me parlait de celle de Topor- le téléphone avait sonné. Il avait répondu et y était resté un long moment ce dont, reprenant ses ciseaux, il m'avait prié de l'excuser : un de ses amis dont les oeuvres seraient exposées dans le sud de la France voulait l'assurer que les livres qu'ils avaient publiés ensemble lui étaient bien parvenus.
Un mois après, en écoutant Pierre Alechinsky parcourir le musée Granet d'Aix en Provence, présenter l'exposition qui lui y est consacrée, j'ai pensé qu'il serait temps que je retourne voir mon coiffeur.

jeudi 8 juillet 2010

Une enquête sentimentale

Etes-vous du genre à aimer une personne qui n'est pas votre genre ?
Quel est votre musée préféré dans le monde ?
Vous arrive-t-il de porter un tee shirt à l'effigie d'un chanteur ou d'un groupe de musique ?
Emportez-vous de quoi écrire quand vous sortez de chez vous ?
Vos amis exercent-ils le même genre de profession que la vôtre ?
Qu'avez-vous éprouvé en refermant le dernier livre que vous avez lu ?
Connaissez-vous le nom de la rue dans laquelle vous habitiez quand vous aviez trois ans ?
Citez-vous un plat de pâtes quand on vous demande ce que vous préférez manger ?
Avez-vous écrit une lettre d'amour durant ces trois dernières semaines ?
Devinez-vous rapidement si une personne nouvellement rencontrée fera partie de vos amis ?
Aimez-vous caresser un chat ?
Avez-vous eu la varicelle ?
Préférez-vous voyager en voiture, en train ou en avion ?

mercredi 7 juillet 2010

Précis de topographie 18

La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.

Avenue Jean Volders
Chaussée de Waterloo
Rue du midi
Boulevard Anspach
Place des martyrs
Rue Antoine Dansaert
Rue Américaine
Boulevard Maurice Lemonnier

Sur la carte dépliée, j'ai entouré des noms de rue.
Que faut-il (re)connaître d'une ville sinon les lieux des livres ?
 

mardi 6 juillet 2010

Tuesday self portrait (un Quimen Hao Ya)


"L'invention du format carré, de son côté, a certainement aidé, pour sa part, à restituer le regard dans d'autres axes que ceux, primitivement, et d'ailleurs faussement, fixés. Il n'est pas avéré que l'oeil balaye l'horizon "en rectangle" et, en tout cas, il n'est pas obligé que l'image restitue nécessairement le trajet de l'oeil. Mais l'habitude et les conventions ont longtemps joué, à cet égard, et il était comme entendu que le rectangle était précisément le format idéal de la photographie, en hauteur ou en largeur, ce dont continuent d'attester les formats standard des papiers d'agrandissement et la plus grande part de la variété des appareils de prise de vues et des films qui leur sont destinés. Voir en carré pousse au contraire à débusquer l'habitude : limitant différemment les champs de la vision et, partant, la structure des images, celles-ci exigent ainsi une autre manière de lecture. Elles amènent à une réduction différente du monde perçu."
Jacques Meuris. Le photographe et ses modèles.

lundi 5 juillet 2010

Chaque jour est une autobiographie

Réjouissons-nous d'être anonymes et privés de biographes : au moins sommes-nous narrateurs de nos vies et pouvons-nous choisir ce que nous voulons en dire.
A la fin de la journée, en trier les heures, récapituler les couleurs qui ont habillé le ciel, plier le linge propre du matin, découper des fruits pour une compote tardive, choisir la musique qui va avec le soir, verser de l'eau dans la bouilloire.
Aujourd'hui, un de ceux-là : un de ces jours qui ne passeront pas à la postérité mais forment le sédiment de ma vie, doucement et presque à mon insu, constituent une réserve de couleurs, de saveurs, de sentiments.

"Quand on parle de la vie d'un homme ou d'une femme, quand on la récapitule ou résume, quand on raconte son histoire ou sa biographie, dans un dictionnaire ou une encyclopédie ou dans une chronique ou en parlant entre amis, on rapporte généralement ce que cette personne a accompli et ce qui lui est effectivement arrivé. Au fond, nous avons tous la même tendance, c'est-à-dire à voir dans les différentes étapes de notre vie quelque chose comme le résultat et l'abrégé de ce qui nous est arrivé et de ce que nous avons obtenu et de ce que nous avons réalisé, comme si c'était cela seulement qui constituait notre existence. Et nous oublions presque toujours que les vies des personnes ne sont pas seulement cela : chaque trajectoire est aussi composée de nos pertes et de nos déchets, de nos omissions et de nos désirs inaccomplis, de ce que nous avons un jour laissé de côté ou que nous n'avons pas choisi ou pas atteint, parmi les nombreuses possibilités qui pour la plupart n'ont pas été réalisées -toutes sauf une, finalement- de nos hésitations et de nos rêveries, de nos projets frustrés et de nos aspirations fausses ou tièdes, des peurs qui nous ont paralysés, de ce que nous avons abandonné ou qui nous a abandonnés. Nous consistons peut-être, en somme, autant en ce que nous sommes qu'en ce que nous n'avons pas été, autant en ce qui est vérifiable et quantifiable et mémorable qu'en ce qui est le plus incertain, indécis et estompé, peut-être sommes-nous dans une égale mesure faits de ce qui a été et de ce qui aurait pu être."
Javier Marias. Littérature et fantôme.

dimanche 4 juillet 2010

, je t'embrasse

embrasse-moi 
encore 
là, oui, et là
et encore
et encore
encore

samedi 3 juillet 2010

L°up ...


Le chien du rez-de-chaussée est un beau berger.
Mais sa maîtresse dit 
c'est un loup.

vendredi 2 juillet 2010

Fiat

Il y avait dans sa voix un mélange d'agressivité et d'inquiétude alors qu'il se dirigeait vers nous d'un pas rapide.

-Oui messieurs ? Qu'est-ce que vous voulez ?
-Euh, rien, on regarde les photos. 

Alors, tout à coup, toute crainte envolée, sa bénédiction.

-Ah ! Mais bien sûr, allez-y...

jeudi 1 juillet 2010

Une enquête (vraiment) sentimentale


Savez-vous quel était son nom ? 
Où est-il allé ?
A-t-il habité dans cette avenue boisée ?
Quelle était la couleur de sa chemise préférée ?
Pouvez-vous décrire sa façon de marcher ? 
Quel est le premier mot qu'il vous a dit ?
Avez-vous déjà vu une photo de lui ?
Ecrivait-il souvent ? 
Ou vous appelait-il dans la nuit ?
Vous disait-il qu'il vous aimait ?
Où alliez-vous quand vous l'avez rencontré ?